Bâtiment scolaire à Neirivue (FR)

2019
Architecte-paysagiste / Fabien Khaletzky, k-ap, Vernier



Neirivue a une morphologie de « village-rue », et ne dispose pas, à ce jour, d’un véritable « centre ». C’est dans le prolongement d’un nouvel axe piéton à l’arrière de la route de l’Intyamon, liant le passage arc-en-ciel au périmètre du projet, que l’école prend place. Une forme compacte qui s’intègre au tissu existant et qui définit, de par son rapport aux autres bâtiments publics (église et salle de sport), un nouveau centre villageois.

L’école est un volume simple qui possède deux accès. Le premier, au Nord, se situe dans le prolongement de l’axe piéton et de la nouvelle place d’activités villageoises. Le second, à l’Ouest, permet de lier l’accès véhicules jouxtant la route du Crédzillon à l’école. La continuité de ces deux accès, par jeu de soustraction, offre deux préaux couverts en lien avec les espaces extérieurs. Le volume unique regroupe les classes d’écoles primaires, enfantines et l’accueil extra-scolaire. Bien que la cohabitation des écoliers soit mise en avant, les espaces extérieurs se distinguent selon l’âge des enfants auxquels ils sont dédiés.
Le volume proposé possède une subtilité en toiture qui permet d’établir des rapports harmonieux avec les différentes hauteurs des constructions qui l’entourent et qui permettra, le moment venu, d’augmenter la capacité de l’école en étendant ses « lucarnes ».

Au rez-de-chaussée, on trouve à l’Ouest, deux classes enfantines et à l’Est, l’accueil extra-scolaire en relation avec la nouvelle place du village. Les étages supérieurs sont desservis par un noyau central regroupant circulations et services. Au premier étage prennent place les six classes d’école primaire. Au second étage, la toiture se transforme en grandes lucarnes pour y loger les salles d’activités spéciales, la salle des maîtres, le bureau du responsable et la logopédie, offrant ainsi des points de vue sur les monts environnants. C’est en modifiant (et en réutilisant) le solde de la toiture que l’extension est réalisable. On évite ainsi la construction d’un nouveau radier, la modification des façades et l’adaptation des aménagements extérieurs.

Les façades de l’école, sobres et élégantes, sont envisagées en Epicéa. Seules les façades Ouest et Est offrent une vue directe sur l’extérieur. En effet, on trouve des fenêtres en façade Nord et Sud dans la partie du noyau distributif, mais ces dernières sont dotées de claires-voies permettant de filtrer la lumière et d’offrir une certaine intimité aux personnes se recueillant à l’église et au cimetière. Le bardage et les claires-voies aux dimensions variables offrent une vibration subtile au bâtiment.

Le projet cherche à privilégier l’utilisation des ressources naturelles de la région, particulièrement au niveau de l’usage du bois qui constitue la part majeure de l’ouvrage. Les éléments nécessitant d’être en béton armé étant le sous-sol (abri PC) et le noyau central pour le contreventement de la structure et la résistance au feu.
Au droit des préaux couverts, les planchers sont résolus au moyens de dalles à caissons isolées et doublées par en-dessous par une couche en Duripanel®.

Du passage arc-en-ciel au nouveau bâtiment, le chemin des écoliers serpente tel un ruisseau à travers le village. Ses méandres se dilatent et se resserrent, structurant l’espace public, de promenade en place du village, d’aires de jeux ensoleillées en pauses ombragées et intimistes.

Comme au bord d’une rivière, on retrouve des alternances de prairies, d’arbres solitaires et de bosquets. Quelques plantes particulièrement attrayantes par leurs feuillages et leurs floraisons telles le hêtre de Perse ou le cerisier d’automne viennent enrichir la palette végétale indigène. Un rideau arbustif adoucit la relation des nouveaux aménagements avec le cimetière tout en préservant les vues caractéristiques sur l’église. Aménagés le long du parcours, des points de vue sur le paysage sont autant d’invitations à la rêverie qu’à la ballade.

Inspirés des claires-voies de la nouvelle école, les bancs et banquettes sont réalisés avec le bois indigène. Sur la place centrale, cadré par un massif dédié au fleurissement communal, un plan d’eau aux reflets sombres fait écho à l’étymologie et à l’histoire de Neirivue et affirme ainsi le statut de cœur du village du lieu.
Les circulations piétonnes et la place du village sont réalisées en enrobé bitumineux AC8 dont la texture lisse et le grain fin marquent une différence nette avec l’enrobé routier.
Les revêtements sur les aires de jeux, les pauses ombragées et les places de stationnement favorisent l’infiltration naturelle des eaux de pluie. (pelouses, copeaux, pavages aux joints engazonnés, grilles gazon).